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Le Cameroun et la crise post-électorale de 2018

Un scrutin contesté dès l’annonce des résultats

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L’élection présidentielle d’octobre 2018 au Cameroun restera gravée dans l’histoire politique récente du pays comme l’un des épisodes les plus tendus de son évolution démocratique. Cette élection, qui devait marquer une étape de consolidation du processus électoral, a au contraire plongé la nation dans une atmosphère explosive, où contestations, répressions et méfiance généralisée ont failli précipiter le Cameroun dans le chaos.

Un scrutin contesté dès l’annonce des résultats

Le 7 octobre 2018, les Camerounais se sont rendus aux urnes pour élire leur président. Alors que le président sortant, Paul Biya, brigait un septième mandat, une nouvelle génération d’opposants, notamment Maurice Kamto du MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun), Cabral Libii du PCRN et Joshua Osih du SDF, portait les espoirs d’une alternance.

Dès les premières heures après la fermeture des bureaux de vote, des accusations de fraude massive, de bourrages d’urnes et de falsifications des procès-verbaux ont circulé. L’opposition, convaincue que le scrutin avait été confisqué, a refusé de reconnaître les résultats proclamés par le Conseil Constitutionnel, qui donna la victoire à Paul Biya avec plus de 71 % des suffrages.

La proclamation des résultats : une étincelle

Le rejet catégorique des résultats par l’opposition, et en particulier par Maurice Kamto qui s’était autoproclamé vainqueur, a immédiatement polarisé le climat sociopolitique. Des manifestations de contestation ont éclaté dans plusieurs villes, notamment à Douala et Yaoundé.

Le pouvoir a réagi par une répression musclée : interdictions de manifestations, arrestations massives d’opposants et de militants, surveillance accrue des leaders politiques. Cette gestion sécuritaire, loin de calmer la situation, a ravivé les tensions et accentué la fracture entre les institutions et une large partie de la population.

Le spectre du chaos

La crise post-électorale de 2018 a révélé la fragilité de la cohésion nationale camerounaise. Plusieurs facteurs ont failli précipiter le pays dans un scénario de chaos généralisé :

  • La perte de confiance dans les institutions : une grande partie de l’opinion publique a considéré que le Conseil Constitutionnel n’était pas impartial, fragilisant la légitimité du pouvoir.

  • La radicalisation de l’opposition : certains militants et sympathisants, frustrés par ce qu’ils percevaient comme un "hold-up électoral", étaient prêts à des actions extrêmes.

  • La répression policière : l’usage disproportionné de la force a alimenté un climat de peur, mais aussi de colère latente.

  • Le contexte sécuritaire déjà fragile : au moment même où la crise électorale éclatait, le Cameroun faisait face à l’insurrection de Boko Haram dans l’Extrême-Nord et à la crise séparatiste dans les régions anglophones, augmentant les risques de déstabilisation.

Le rôle des forces vives et de la société civile

Si le Cameroun n’a pas basculé dans le chaos, c’est en partie grâce à l’action de certains acteurs qui ont œuvré pour éviter l’embrasement :

  • Les leaders religieux et traditionnels ont appelé à la retenue et au dialogue.

  • La société civile et les organisations internationales ont plaidé pour une sortie pacifique de crise et pour la préservation de l’unité nationale.

  • Les citoyens ordinaires, malgré leur colère, ont en grande majorité refusé de se laisser entraîner dans la violence généralisée.

Ces efforts conjugués ont permis d’éviter que le Cameroun ne bascule dans une spirale incontrôlable comme cela a été le cas dans d’autres pays africains après des élections contestées.

Une leçon pour l’avenir

La crise post-électorale de 2018 a laissé des cicatrices profondes : arrestations arbitraires, exil forcé de certains militants, méfiance accrue envers les institutions et fracture politique persistante. Elle a montré combien le système électoral camerounais doit être réformé pour regagner la confiance des citoyens.

Le Cameroun a frôlé le chaos en 2018, mais il a aussi appris une leçon fondamentale : sans transparence, équité et justice électorale, la démocratie reste fragile et la paix sociale menacée.

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